jeudi 25 août 2011

Le cortège funèbre de Jack Layton à Gatineau

Le cortège funèbre de Jack Layton est passé à Gatineau cet après-midi vers 14 h 30. On le voit ici à l'angle Laurier et des Allumettières, à la sortie du Pont Interprovincial, juste avant son arrivée au Musée des civilisations.

mercredi 24 août 2011

HORLOGE PARLANTE EN 1900 !

Extrait de l'édition du 14 juillet 1900 du Journal La Vérité, de Québec. On s'étonne presque à chaque mois de nouvelles inventions. Celle-ci fait sourire.

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UNE HORLOGE PARLANTE!

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Un horloger français de Genève a eu l'idée d'appliquer la phonographie à la place de la sonnerie, dans le rouage d'une pendule. Au lieu de sonner les heures et les demies, ce phonographe les prononce d'une voix articulée.

Un bon voyageur eut la primeur de cette invention dans un hôtel de Genève; mais on oublia de l'avertir. Il mit donc son réveil à l'heure et s'endormit du sommeil du juste. À l'heure marquée, une voix métallique, étrange, retentit et réveille notre dormeur par ce cri répété : Sept heures, levez-vous! tic tac, tic tac, tic tac, tic tac... Sept heures, levez-vous! tic tac, tic tac, etc.

Saisi d'épouvante, notre homme bondit du lit en s'écriant : « Il y a quelqu'esprit malin dans mon réveil! »

En somme, le résultat fut atteint; car il n'eu plus envie de dormir du tout.


JE ME SOUVIENS

Extrait de l'édition de fin d'année 1899 de l'hebdo franco-américain L'Indépendant, de Fall River, Massachusetts, aux États-Unis (publié de 1885 à 1963). Au début du 20e siècle, Fall River avait une population d'environ 100 000 personnes, dont 40% de Canadiens français venus du Québec.

Plusieurs des thèmes évoqués (dans le contexte d'alors évidemment) restent malgré tout actuels : l'apport de la technologie, le rôle de la femme, l'appât du gain, les armes de destruction. C'est un texte intéressant, même au 21e siècle.

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LE MONDE AU 20e SIÈCLE

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Quel sera le sort de l'humanité dans le siècle qui s'avance? Cette question a déjà provoqué bien des prédictions : les unes, optimistes, les autres. pessimistes.

Les premières nous présentent un tableau ravissant de la vie promise à nos descendants. Par contre, les seconds nous font entrevoir le spectacle désolant qu'offriront les hommes de l'avenir.

Parmi les prophètes pessimistes, citons, à titre de renseignement, M. de Baroncelli, un écrivain louisianais.

Le 20e siècle, dit-il, apparaît aux yeux des uns sur un char resplendissant de lumières, qui apportera aux peuples l'abondance et la liberté.

Pour le plus grand nombre, le décor serait tout autre : un nuage de désolation s'étend déjà sur notre planète; la guerre avec toutes ses horreurs, tel serait le lendemain qui nous est réservé. Les optimistes ne croient pas à un mouvement rétrograde; ils appellent notre attention sur les découvertes et les inventions dont notre génération est fière.

Les pessimistes prétendent battre leurs adversaires avec leurs propres armes.

Ils disent et ne cessent de répéter que le soi-disant progrès dont nous nous flattons n'est en réalité qu'un fléau dont les peuples sont les premiers à souffrir, et souffriront bientôt davantage; qui a raison, qui a tort?

Problème assez difficile à résoudre, à moins de comparer le passé au présent, au 14e et au 15e siècles.

Il faut cent ans (1337 à 1453, de fait) pour terminer le différend entre la France et l'Angleterre occasionné par la rivalité de Philippe VI et d'Édouard III; au 19e siècle, cent jours suffisent aux puissances coalisées pour abattre la puissance de Napoléon Ier, ce roi des rois, qui avait fait trembler sur leurs trônes tous les princes de la terre.

Si ces faits ne peuvent s'expliquer que par un progrès réel dans le perfectionnement des armes modernes , canons, armes à feu de tout genre qui tuèrent en quelques heures à Waterloo plus d'hommes, en proportion, que dans les trois batailles réunies de Crécy (1346), d'Azincourt (1415) et de Poitiers (1356).

On ne peut nier non plus que le progrès, dans ce cas, a contribué plus qu'aucune autre cause à apporter la désolation dans le sein des familles.

Qui a souffert, à Waterloo, sinon l'humanité? Qui souffrira demain, sinon le peuple, à qui ses gouvernants ne cessent de soutirer ses plus chères économies pour entretenir des armements coûteux?

Le monde, de nos jours, est-il plus heureux parce que la Science lui a donné les moyens de s'entre-tuer plus promptement avec des armes plus meurtrières?

Mais continuons. Si l'électricité, la vapeur, le télégraphe, etc., sont des inventions des plus utiles, il n'en est pas moins vrai qu'elles ont eu l'inévitable fatalité de courber l'énergie humaine sous le poids de désirs toujours nouveaux.

On dirait que la seule ambition de l'homme, à la fin de ce siècle, est de jouir en égoïste de toutes ces découvertes.

Il en est arrivé, chose incroyable, à vendre son âme, pour une minute d'un soi-disant bonheur, qui ne touche bien souvent ses lèvres que pour les laisser glacées par la mort.

Quel a été le rôle du Progrès, dans cette lutte insensée, sinon de réduire notre existence, miner notre santé, et faire de nous des pygmées?

Notre éducation, au point de vue intellectuel, est peut-être supérieure à celle des Grecs et des Romains. À tout autre point de vue, elle est bien inférieure.

Le brouet des Spartiates ne suffit plus à une génération qui partage ses loisirs entre les orgies de la table et une société efféminée.

Le progrès a fait plus encore. Il a traîné à sa suite un égoïsme sordide qui, envahissant toutes les couches sociales, n'a point respecté l'intérieur paisible des familles les plus unies. La femme, chose triste à constater, a subi les mêmes désirs, les mêmes agitations qui agitent les hommes.

Il lui faut maintenant les préoccupations de la vie publique, les chicaneries du forum, le spectacle livide d'une salle de dissection.

Nous la voyons devenir avocat, médecin, etc., au détriment de l'avenir de ses enfants. Le précieux métal l'attire, tout aussi bien que l'homme - pour le seul plaisir qu'il lui procure. Pour tout dire, c'est à qui concentrera entre ses mains le plus grand nombre de dollars.

Le résultat de tout cela, le voici : cet amour de l'argent, que nous devons au progrès, pourrait amener avant peu des révoltes sourdes qui, en enflammant peu à peu toutes les passions, feront pâlir les découvertes et les inventions de ces dernières années, en ajoutant sur le chemin de notre vie quelques ronces de plus.

Toutes ces considérations nous portent à croire que le voile épais qui nous cache encore le 20e siècle offrira à nos yeux, en se déchirant, un tableau peu ravissant.

Le mal ira-t-il en augmentant?

Le pain de la misère sera-t-il plus difficile à gagner? Le pauvre traînera-t-il des haillons plus sordides que par le passé? Sera-t-il obligé de se contenter, comme les anciens Romains, du pain et des jeux que ses consuls lui donnaient?

À ces questions, nous préférons ne pas répondre, ne serait-ce que pour ne point effrayer par un tableau trop lugubre ceux qui viendront après nous.

Quoique, à vrai dire, nous croyions fermement que notre vie aura été un paradis terrestre, en comparaison de l'existence qui attend dans un avenir peu éloigné nos enfants et nos petits-enfants.


mardi 16 août 2011

JE ME SOUVIENS

Il a fallu attendre les années 1970 pour que débute le passage graduel au système métrique au Canada, mais on en parlait déjà à la fin du 19e siècle. Le premier ministre Wilfrid Laurier avait confié à l'un de ses ministres, Henri Joly de Lotbinière, le mandat d'étudier la question à compter de 1896. Dans son édition du 28 octobre 1899, le journal La Vérité, de Québec, évoque cette question.


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LE SYSTÈME MÉTRIQUE

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Il est sérieusement question s'adopter, au Canada, le système métrique, comme système légal et obligatoire. C'est un projet auquel travaille depuis longtemps Sir Henri Joly de Lotbinière, ministre du Revenu de l'Intérieur.

Le système métrique, on le sait, fut inventé en France, lors de la Révolution, à cette époque de folie sauvage où l'on cherchait à tout détruire. Les révolutionnaires voulurent remplacer l'ère chrétienne par une ère nouvelle. [...] Les semaines furent remplacées par des séries de dix jours, les mois changèrent de noms, etc.

De toutes ces innovations, il n'est resté que le système métrique, système ingénieux et commode. Il a été adopté par tous les pays civilisés, croyons-nous, moins l'Angleterre et ses colonies, et les États-Unis.

[...]

Le mètre est censé être exactement la dix-millionième partie de l'arc du méridien terrestre compris entre le pôle boréal et l'équateur. Il est à peu près équivalent à 3 pieds 31/2 pouces de notre mesure.

[...]

Ce système, avons-nous dit, est ingénieux et commode, mais il renferme trop de science pour être poétique. On sait que le peuple est plutôt artiste qu'utilitaire, et il adopte difficilement le système métrique. Même en France, où le système est né, et où il est obligatoire depuis plus d'un siècle, les paysans, dans bien des endroits, parlent encore de lieues, de chopines, de sous, de livres, etc. Nous les avons entendus de nos propres oreilles.

Notre monde commercial adoptera facilement le système métrique, mais le peuple de nos campagnes gardera encore longtemps ses vieilles mesures. Croyez-vous qu'on puisse remplacer de sitôt arpent par hectare, ou livre par kilogramme?




dimanche 14 août 2011

JE ME SOUVIENS

Avant les horreurs du régime hitlérien, les Canadiens français étaient souvent suspicieux à l'égard des Juifs. Pour les motifs religieux que tous connaissent, mais aussi parce qu'il y avait dans l'esprit de plusieurs une association étroite entre Juifs et francs-maçons. Et la franc-maçonnerie était diabolisée. Il existait cependant une grande sympathie pour les Noirs aux États-Unis, et l'opinion canadienne-française était généralement antiraciste. À la fin du 19e siècle, au paroxysme de l'affaire Dreyfus en France, le quotidien Le Temps, d'Ottawa, exprimait à la fois sa solidarité avec les Juifs français et les Noirs américains. Voici l'un de ses éditoriaux, publié le 14 septembre 1899.

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L'hypocrisie américaine

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Les nègres, traités en parias aux États-Unis, n'ont pas su inspirer ces dévouements admirables aux pratiques Bostonnais. Les grands journaux de New York et de Chicago, qui ont des correspondants en permanence à Paris et à Rennes (pour l'affaire Dreyfus), n'ont pas encore songé à s'inquiéter du sort des nègres américains. L'histoire de la paille et de la poutre, voyez-vous : elle sera toujours vraie.

Ce qui se passe aux États-Unis, en pleine civilisation, est intolérable. C'est une honte pour l'humanité, pour l'Amérique, que des hommes, qui ont tous les droits du citoyen, puissent être exécutés par la foule sans forme de procès. Il est temps que cette pratique barbare finisse.

Nous dénonçons les Américains, qui ont une marine pour battre l'Espagne et une armée pour conquérir Cuba, Porto Rico, les Philippines, et qui hypocritement se déclarent incapables de faire respecter la loi américaine dans les limites du territoire américain.

Nous dénonçons la complaisance criminelle de l'administration américaine qui se prétend impuissante devant quelques centaines de lyncheurs.

Nous dénonçons à l'Amérique entière, nous dénonçons à l'Europe l'incurie du gouvernement, la faiblesse des tribunaux, la lâcheté de la police et la barbarie des foules qui, aux États-Unis, sont la cause directe que d'innombrables innocents ont dû être brûlés, fusillés, pendus depuis que la loi de lynch est entrée dans la pratique américaine.

Justice pour les Juifs en France, mais justice également pour les Noirs aux États-Unis.


JE ME SOUVIENS

L'emploi de certaines nouvelles technologies à la fin du 19e siècle en surprendrait plus d'un. L'idée d'utiliser des appareils photos de poche pour lutter contre l'ivrognerie est certainement originale à cette époque. Le Journal La Vérité, de Québec, rapporte avec sympathie cette nouvelle dans son édition du 19 août 1899.

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La photographie instantanée contre l'ivrognerie... en 1899!

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Une société de tempérance de Berlin vient d'inventer l'original système que nous allons indiquer, pour essayer de convertir les nombreux pochards de la capitale allemande et de les amener à résipiscence.

Tout le monde connaît les usages de la photographie instantanée, et combien il est difficile d'échapper à l'indiscrétion des petits appareils que leur faible volume permet de dissimuler au fond d'une poche. Or, la Société dont nous parlons a désigné un certain nombre de ses membres qui sont chargés de filer tous les ivrognes (quel travail!) qu'ils rencontrent, puis, à l'aide d'une jumelle instantanée, de les photographier dans toutes les poses, sans qu'ils s'en aperçoivent, bien entendu.

Et le lendemain, quand notre pochard a repris ses occupations régulières, on vient lui présenter, comme témoins irrécusables, la série des épreuves révélatrices où il peut se voir trébuchant, par exemple, dans le ruisseau, ou se battant avec un inoffensif be de gaz. Il n'y a pas à répliquer, la scène est prise sur le vif, et le coupable, honteux et confus, se de trouver pris « en flagrant délit », n'a plus qu'à jurer... qu'on ne l'y prendra plus.


jeudi 11 août 2011

JE ME SOUVIENS

Les histoires de lynchages sont fréquentes en 1899, aux États-Unis. Certaines ont été rapportées au Québec par le Journal La Vérité, qui dénonce régulièrement les excès et crimes des voisins du Sud. Dans le langage de l'époque, biens sûr, les Noirs étaient appelés « nègres ». Ce texte a été publié dans l'édition du 12 août 1899.

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À PROPOS DE LA LOI DE LYNCH*

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Nous lisons dans The Review, de Saint-Louis (Missouri), à la date du 3 août :

« La Virginie nous offre le premier exemple de la mise en accusation et de la condamnation de lynchers. Il y en deux qui viennent d'y être condamnés à cinq et six ans d'emprisonnement pour meurtre au deuxième degré. Et c'était pour avoir lynché un homme - un blanc, il va sans dire - accusé d'une attaque criminelle contre une femme.

« Comme on le voit, les autorités, aux États-Unis, règle générale, ne font aucune tentative de supprimer l'horrible plaie des exécutions sommaires. La condamnation de deux lynchers est un événement jusqu'ici inouï. Et, remarquez-le bien, la victime était un blanc. Les lynchers de nègres ne sont pas près d'être molestés.

***

Nous lisons ce qui suit dans le Catholic Columbian du 5 août :

« Depuis quelques jours, six nègres ont été lynchés dans les environs de Bainbridge, Georgie, pour viol et vol. Le dernier tué est un nommé Charlie Mack. Un reporter qui assistait à cet homicide en donne les détails horribles que voici :

"Le prisonnier fut conduit au même arbre où Sammins avait été exécuté et y fut lié avec des chaînes.

"Tous ceux qui avaient des couteaux les sortirent, et se mirent à torturer le misérable. Les blancs qui l'entouraient, tout en reprochant au nègre son crime, lui enlevèrent de petits morceaux de chair qu'ils enveloppèrent dans des morceaux de papier pour les emporter comme des souvenirs.

"Les gens de la foule entourèrent Mack, coupant des morceaux aux muscles des bras et des jambes, enlevant de la chair aux côtes, mutilant ses doigts, tordant ses bras à les briser, enfonçant leurs couteaux dans ses chairs.

"Le nègre était devenu une masse de chair pantelante et saignante, n'ayant presque plus de formance humaine, avant que la foule ait daigné se servir de balles et de poudre.

"C'était merveilleux de voir la vie rester aussi longtemps dans cette carcasse mutilée et torturée. Après qu'ils eussent poussé cette barbarie à son extrême limite, les lynchers firent leur seul acte de miséricorde. Les chaînes furent enlevées, et la corde autour du cou fut raidie, et au moment où le corps - une masse de chaire déchiquetée mais vivante - montait dans les airs, l'ordre de faire feu fut donné. À ce commandement, les flammes jaillirent de centaines d'armes à feu, et le misérable était mort.

...

"La foule qui l'a ainsi déchiqueté était composée exclusivement d'Américains de naissance, et ils nous font toucher du doigt l'état actuel de la civilisation anglo-saxonne aux États-Unis." »



*Pour en savoir plus sur l'origine du lynchage (Loi de Lynch, nommée ainsi pour le juge Charles Lynch, de Virginie), voir Wikipédia. Plus de 2000 Noirs auraient été lynchés à la fin du 19e et au début du 20e siècle aux États-Unis.

JE ME SOUVIENS

Arrivés de Russie au Canada en 1899, les Doukhobors, ardents pacifistes, s'installèrent dans l'Ouest canadien. Ils sont environ 30 000 aujourd'hui. Selon cet article que j'ai trouvé, ils auraient peut-être aimé vivre au Québec, mais j'ai l'impression que l'accueil (pour des motifs à la fois de religion et de moeurs) ne fut pas très chaleureux. Voici ce qu'écrit le journal La Vérité en juillet 1899 à leur sujet.

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DOUKHOBORS

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Le dernier détachement de Doukhobors a dû être retenu pendant quelques temps à la quarantaine de la Grosse Île, parce que la petite vérole s'était déclarée à bord de la traversée. On affirme que leur séjour en bas de Québec les a enchantés. Les voilà qui voudraient, paraît-il, rester dans notre Province, au lieu de gagner les plaines de l'Ouest, leur destination primitive.

Le Soleil, numéro du 4 juillet, semble favoriser ce projet.

Pour nous, nous sommes convaincus que l'établissement de ces immigrants au milieu de nous serait extrêmement mal vu de nos populations chrétiennes.

Les Doukhobors peuvent bien avoir des qualités; ils peuvent bien être vraiment persécutés par le gouvernement russe; mais ils ont de très grands défauts qui rendent leur présence au milieu de nous fort peu désirable, pour employer une expression adoucie.

Il est avéré, par exemple, le Soleil l'admet, qu'ils refusent absolument de porter les armes, même pour défendre leur pays contre la plus injuste des agressions.

Leurs croyances religieuses semblent assez rudimentaires, et leurs moeurs entièrement différentes des nôtres. S'il faut en croire une communication publiée dans le Chronicle, ces jours derniers, les Doukhobors, pendant leur séjour à la Grosse Île, se baignaient tous ensemble, hommes, femmes et enfants, in naturalibus. C'est primitif, pour le moins.

Nous croyons que ce serait une grave erreur d'encourager ces gens à rester parmi nous. Qu'ils gagnent l'Ouest, au plus tôt.


mercredi 10 août 2011

JE ME SOUVIENS

Avant le Vietnam, il y a eu les Philippines (1899 - 1902). C'est à la fin du 19e siècle que les États-Unis ont véritablement commencé à se comporter comme une puissance impériale. Après avoir vaincu l'Espagne, ils ont trahi leurs alliés philippins et asservi l'archipel. Des centaines de milliers de civils ont été tués.

Dans son édition du 8 juillet 1899, le Journal La Vérité, de Québec, pour des motifs autant religieux qu'humains, s'insurge contre le comportement des Américains dans ce texte qui s'inspire de nouvelles publiées dans des journaux des États-Unis. Notons que l'on commence par les crimes sacrilèges, pour ne parler qu'en second du massacre des habitants. Trait d'époque.

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UNE GUERRE HONTEUSE

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Il devient de plus en plus manifeste que non seulement les États-Unis font aux Philippines une guerre que rien ne justifie, une guerre de conquête, tout simplement, mais que les soldats américains font cette guerre, non pas en gens civilisés, mais en vrais bandits et en véritables sauvages.

Les journaux des États-Unis sont remplis de détails révoltants.

Le Times, de Minneapolis, numéro du 20 juin, raconte qu'au numéro 412 Nicollet Avenue, chez un nommé B.T. Drake, on peut voir des vêtements épiscopaux, évalués à 1500 $, volés dans une église des Philippines et envoyés à Drake par un nommé Beck , de la compagnie 1 du 13e régiment du Minnesota.

On raconte qu'un prêtre, essayant de protéger des propriétés ecclésiastiques, fut tué d'un coup de fusil.

Un soldat écrit : « Nous sommes installés dans une belle et grande église sur les montagnes. C'est un vieux monastère. Je parie qu'on n'y a jamais rien vu de semblable; des milliers de cierges qui brûlent; les hommes jouant et sacrant; plusieurs portant les vêtements des prêtres. »

Les soldats qui écrivent à leurs parents se vantent froidement de leurs actes de vandalisme, de leurs vols sacrilèges dans les églises, de leurs massacres de prêtres, de femmes et d'enfants, de leurs incendies. Un soldat, M. Michea, écrit : « Après avoir bombardé Malabon*, nous y sommes entrés et avons tué tous les naturels que nous rencontrions, hommes, femmes et enfants. »

Un autre, A.A. Barnes, de la batterie G, écrit : « Le général Wheaton donna l'ordre de brûler la ville et de tuer tous les naturels. Environ 1000 furent tués, hommes, femmes et enfants. »

Tout cela ne serait pas croyable si ce n'était en blanc et en noir dans les journaux américains.

Et ce qui est le plus révoltant, c'est que ces révélations horribles ne semblent causer aucune émotion aux États-Unis en dehors des cercles catholiques. Les journaux catholiques protestent contre ces abominations, mais leurs protestations restent sans écho.

*Le massacre de Malabon est documenté.

JE ME SOUVIENS

Extrait du journal La Vérité, de Québec, du 8 juillet 1899. Point de vue intéressant sur la Confédération encore jeune, et sur les liens entre francophones du Québec et les citoyens, francophones et anglophones, des autres provinces. Le texte n'étant pas signé, on peut présumer qu'il représente l'opinion du propriétaire du journal, Jean-Paul Tardivel. Les mots en italique l'étaient dans le texte original.

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Le « Dominion Day » de 1899...

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La Confédération du Canada vient de célébrer, sans le moindre éclat, son 32e anniversaire.

Le 1er juillet est une fête purement statutaire. Ce n'est pas une fête nationale. Les banques et les bureaux publics se ferment, en ce jour-là; il y a des excursions à bon marché dont bon nombre de gens profitent; les affaires sont plus ou moins suspendues. Mais aucune fibre patriotique ne s'émeut à l'occasion du Dominion Day.

C'est l'anniversaire d'un mariage de raison: ou plutôt qu'on a cru de raison et nécessaire. L'amour n'a joué aucun rôle dans l'union contractée en 1867.

Sans doute, quelques-uns des auteurs de la Confédération se sont imaginé qu'ils jetaient les bases d'une nation nouvelle; que les populations des différentes provinces allaient se fusionner étroitement pour ne former qu'un seul peuple: le peuple canadien. Quelques-uns des nôtres redoutaient cette fusion, et craignaient que la nationalité canadienne-française ne vînt à disparaître.

Heureusement, notre peuple n'est pas encore sérieusement entamé. Sa fête nationale, c'est toujours la Saint-Jean-Baptiste; ce n'est pas le 1er juillet. Nos hommes publics, en général, se sont laissé entraîner loin de l'idéal canadien-français. Ils se proclament volontiers partisans du grand tout canadien et de l'idée impériale. Mais, Dieu merci! les masses de notre population ne les ont pas suivis jusqu'ici. Pris dans son ensemble, notre peuple est resté fidèle à l'idée nationale d'autrefois. Il veut garder son autonomie relative, son caractère distinct, sa langue et ses traditions, en attendant des jours meilleurs.

Nous devons donc remercier le ciel de ce que la Confédération de 1867 n'a pas encore produit les effets qu'on en espérait, d'un côté, qu'on en redoutait, de l'autre.

Pour les Canadiens français, la vraie patrie c'est toujours la province de Québec. Si nous sommes attachés aux groupes français des autres provinces, c'est par les vieux liens du sang, de la langue et des traditions; non point par le lien politique créé en 1867.

Nous nous intéressons à nos frères de l'Est et de l'Ouest parce qu'ils sont nos frères; non parce qu'ils sont nos concitoyens.

Nous avons certaines relations d'affaires avec les populations anglaises des autres provinces; mais nous n'éprouvons pas pour elles le moindre sentiment fraternel. De même, elles sont parfaitement indifférentes à notre égard, au point de vue national. Les Anglais du Canada ne considèrent pas les Canadiens français comme leurs nationaux; et de notre côté, c'est le même sentiment qui domine encore à leur égard. Ils sont pour nous, et nous sommes pour eux, de simples associés, s'accordant plus ou moins bien. Mais, patriotiquement parlant, nous ne sommes pas plus liés aux Anglais d'Ontario ou du Nouveau-Brunswick qu'aux gens de New York et du Vermont.


mardi 9 août 2011

JE ME SOUVIENS

J'ai beaucoup de plaisir à éplucher ces jours-ci de vieux numéros (1899 à 1906) du journal La Vérité, de Québec. On y trouve une foule de nouvelles fascinantes. En voici une qui jette un peu de lumière sur les origines lointaines de la Loi 101...


Extrait du journal La Vérité, édition du 10 juin 1899.

LA LANGUE ANGLAISE SERA LA LANGUE OFFICIELLE À BORD DES TRAMWAYS DE MONTRÉAL

Sous ces titres, La Presse, de Montréal, publiait dernièrement, le 25 mai, l'information qui suit :

« La compagnie de chemin de fer urbain, par un ordre qu'elle vient de signifier à ses conducteurs, a adopté la langue anglaise comme langue officielle sur ses lignes. Depuis une semaine, chaque conducteur, pour recevoir le prix du passage, doit placer sa boîte devant le voyageur et dire : « Fare please! » S'il néglige de se conformer à cette formalité, pour la première offense on se contente d'un avertissement, mais pour la seconde il y a suspension, et renvoi définitif pour la troisième. »

Cette information est-elle bien exacte? Pour nous, nous ne l'avons vue ni confirmée, ni démentie. Si elle est exacte, comment se fait-il que les journaux français de Montréal n'aient pas soulevé une véritable tempête à ce propose? Car, certes, si un tel ordre a été réellement donné aux conducteurs de voitures du tramway, à Montréal, on devrait protester hautement ert vigoureusement.

Dans une ville comme Montréal, le français devrait être mis sur un pied d'égalité avec l'anglais, en tramway comme ailleurs. Et c'est le devoir des journalistes français de Montréal de voir à ce que l'on n'ostracise pas notre langue.


JE ME SOUVIENS

À la lumière des moyens de communication du 21e siècle, il est intéressant de voir comment les gens se débrouillaient sans trop de technologie. Voici une méthode originale... un service régulier de courrier par pigeon, avec timbres spéciaux, en 1899 en Nouvelle-Zélande.

Extrait du Journal La Vérité, de Québec, édition du 27 mai 1899

DES PIGEON-GRAMS?

Un timbre nouveau vient d'être émis par le gouvernement de Nouvelle-Zélande.

À plusieurs milles en mer, au-delà d'Auckland, il y a une petite île habitée, très fertile, qui n'est reliée par aucun câble ni aucun courrier régulier à l'archipel néo-zélandais.

Depuis quelque temps, on a eu l'idée d'établir un service de pigeons voyageurs entre Auckland et l'île en question : Great Barrier Island.

Le gouvernement, à la suite des résultats très satisfaisants qui ont été obtenus, s'est décidé à réglementer le port des lettres et dépêches par ce nouveau système. Désormais, le service sera régulièrement assuré deux fois par mois.

Les messages, appelés « pigeon-grams », devront être écrits sur papier pelure ayant au maximum 0m,20 sur 0m,08. L'adresse, au crayons comme le reste de la lettre, doit être inscrite au haut du message, auquel sera fixé un timbre spécial dont voici la description, telle que nous l'apportent les derniers journaux australiens :

Sa forme est légèrement allongée dans le sens horizontal (de fait, il est triangulaire). On y voit un pigeon volant à tire d'ailes et portant en son bec une enveloppe. En haut, on lit : Great Barrier Island.

La première émission, faite il y a quelques semaines, n'est que de 1800 timbres seulement.


JE ME SOUVIENS

Quatre ans après la découverte (en 1895) des rayons X, on se livrait sans doute à diverses hypothèses sur leurs applications. En voici une...

Extrait du journal La Vérité, de Québec, du 13 mai 1899.
DES JOURNAUX IMPRIMÉS AUX RAYONS X ?

La presse, après quatre siècles et demi d'existence, serait-elle condamnée à périr?

Quelques esprits avancés s'aventurent à le prédire.

La presse est une lumière, et le grand ennemi de cette lumière, c'est une autre lumière : les rayons X.

On aurait trouvé le moyen d'imprimer sans impression.

Moyennant une feuille où des caractères sont tracés avec une encre spéciale, et moyennant la superposition de cette feuille à un nombre illimité d'autres feuilles blanches, les novateurs se sont fort de remplacer toutes les machines d'imprimerie.

Seulement - et c'est là, croyons-nous, la grosse pierre d'achoppement - il faut que les feuilles blanches soient sensibilisées comme le papier employé par les photographes.

De sorte que ce nouveau genre d'impression reviendrait beaucoup plus cher que l'autre.

Si donc la presse est menacée, le péril n'est pas urgent encore, et les machines peuvent « rouler ».