lundi 29 avril 2013

L'abandon du Québec français par le PLQ et la CAQ


Le projet de loi 14 est moribond. Les libéraux contestent le principe même de cet effort de renforcement de la Loi 101, les caquistes projettent plutôt de l’édenter article par article, et le gouvernement Marois n’a pas suffisamment de députés pour en assurer l’adoption. À la fin, au rythme où vont les choses, seules survivront quelques vagues intentions sans conséquences. Et derrière cette levée de boucliers de l’Opposition se profile une tendance, de plus en plus perceptible, vers l’abandon tout court du projet historique d’un Québec français.

Dans une déclaration conjointe, le nouveau chef libéral, Philippe Couillard, et le porte-parole libéral pour la Charte de la langue française, Marc Tanguay, n’y vont pas de main morte. « Le bilinguisme, déclarent-ils, n’est pas une menace, mais un atout essentiel auquel tous les jeunes Québécois doivent avoir accès. » Outre le fait que MM. Couillard et Tanguay ne semblent pas comprendre la réelle différence entre un bilinguisme/plurilinguisme individuel enrichissant et le bilinguisme collectif comme signe d’assimilation d’une société, leur message est clair : l’anglais est « essentiel » et « tous » les jeunes Québécois francophones doivent l’apprendre…

Ce que le Parti libéral propose donc, si ses intentions se réalisent, c’est l’évolution vers un Québec carrément bilingue, où la notion du français langue commune perdra graduellement toute utilité. Pourquoi chercherait-on à promouvoir le français comme langue de travail, ou à l’exiger comme langue d’affichage, si tous les francophones peuvent bien se débrouiller en anglais ? Et si tous les francophones du Québec apprennent un jour l’anglais comme le souhaitent MM. Couillard et Tanguay, qu’en concluront alors les allophones et anglophones québécois ? Qu’au fond, il n’est plus vraiment nécessaire de connaître le français… même au Québec.

Le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a beau sermonner les libéraux – avec raison – sur leur manque d’ardeur à défendre la langue française, son parti partage avec le PLQ un appui enthousiaste au projet d’anglais intensif à l’école primaire ; le refus d’une remise en question du statut bilingue de certaines municipalités ; l’opposition à la francisation obligatoire de petites entreprises ; l’appui au droit des militaires francophones d’angliciser leurs enfants au Québec ; et la protection de l’accès des francophones aux cégeps de langue anglaise, entre autres. De fait, après lecture de la liste de conditions posées par la CAQ pour un « appui » au projet de loi 14, il ne reste pas grand-chose du projet de loi 14.

L’argument avancé ici ne vise pas à défendre le libellé, ou même l’efficacité éventuelle des mesures proposées par le gouvernement de Mme Marois dans le projet de loi 14. Comme tout projet législatif, il mérite sans doute d’être scruté. Il peut être modifié et/ou amélioré. Non, ce qui inquiète, dans le refus catégorique des libéraux et dans l’opposition pointilleuse de la CAQ, c’est la perception de l’abandon de l’objectif de base, soit celui d’assurer la pérennité du français langue commune dans le seul territoire nord-américain où les francophones restent majoritaires...

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