mardi 22 octobre 2013

Les signes religieux : une réflexion...

Quand j'étais petit, à l'école catholique, les signes religieux étaient omniprésents. Le crucifix sur le mur. Les JMJ (Jésus-Marie-Joseph) dans nos cahiers. Prêtres, religieux et religieuses en costumes d'Église dans nos classes. La messe, la confession, la communion. Un véritable lavage de cerveau qui se poursuivait à la maison avec des parents formés à la même école.

Je n'en veux pas à mon père et à ma mère, ou à mes grands-parents. Au contraire. Ils ont fait ce qu'ils ont fait par conviction et par amour. Et je me réconcilie aujourd'hui, peut-être parce que je vieillis, avec certaines de leurs pratiques. Je reste chrétien, parce que je crois au message d'amour des Évangiles. Je vais même parfois à la messe. Mais ces convictions restent du domaine personnel et privé. Je ne tente pas de faire des convertis. Et en ce qui a trait à la sphère publique, à l'État et ses dérivés, je suis partisan d'une neutralité/laïcité sans trop de compromis.

Sans doute marqué par les écoles de mon enfance, je me suis, comme bien d'autres adolescents, rebellé contre les carcans du passé. C'étaient les années 1960. C'est tout dire. Révoltes étudiantes, contestation de la guerre du Vietnam, découverte (pour moi qui était alors Franco-Ontarien) d'un Québec en ébullition. Devenu à mon tour parent, avec ce bagage bariolé, j'ai juré que mes enfants ne subiraient pas ce que nous avions subi. Qu'ils seraient libres d'apprendre et de former eux-mêmes leurs opinions, sans pression indue des parents, de l'État ou de la société.

Avons-nous réussi? Les écoles du Québec avaient changé dans les années 1980 (nous avions élu domicile à Gatineau) et s'étaient largement laïcisées. Ce qui était heureux parce qu'un parent s'aperçoit vite, quand l'enfant est très jeune, que l'enseignant a souvent plus d'autorité que le père ou la mère dans l'esprit de l'écolier ou de l'écolière. Au primaire en particulier, si « la maîtresse » l'a dit, ce doit être vrai... Au secondaire, les jeunes sont mieux équipés pour se rebeller au besoin.

Quant à moi, j'ai fait mon possible pour ne pas leur imposer mes points de vue sociaux ou politique, sans toutefois faire de compromis sur les valeurs importantes.

À regarder mes enfants aujourd'hui, je suis plutôt fier des résultats. Trois filles indépendantes, éprises de liberté et d'égalité, qui ont fondé une famille et qui doivent parcourir les mêmes sentiers que nous, à leur tour. Mais le monde a changé. La société est plus complexe, et le plus souvent, les deux parents doivent travailler pour arrondir les fins de mois. Les enfants fréquentent aujourd'hui des garderies (phénomène plutôt inconnu dans mon enfance) et commencent l'école plus tôt dans la vie. Ces institutions exercent l'autorité parentale bien plus qu'autrefois...

Dans un contexte de laïcisation généralisée, cela m'inquiète assez peu, la neutralité étant porteuse d'universalité et de tolérance, généralement. Mais voilà que se pointent, tant chez les chrétiens que chez les musulmans et les juifs, des courants intégristes qui risquent, à la longue, de menacer l'équilibre vers lequel les sociétés occidentales (y compris au Québec) tendaient depuis un demi-siècle ou plus. Les intégristes chrétiens des États-Unis et les islamistes d'un peu partout me semblent particulièrement agressifs dans leurs revendications.

Non seulement certains de ces courants sont-ils menaçants pour la société et l'État laïc, mais ils ont tendance à faire sortir des placards tous les éléments xénophobes et racistes qui n'attendent que ça pour vitupérer contre les immigrants et les valeurs qui leur sont étrangères. Voilà la pire des situations qui devient possible : une polarisation accrue mettant en cause, d'un côté de l'extrême, le prosélytisme des intégristes intransigeants et de l'autre, les ripostes vigoureuses des franges xénophobes. Avec, au milieu, pris entre deux feux, les authentiques partisans de la neutralité, de la laïcité et de la tolérance.

Si j'ai, par conviction laïque, par ouverture sur les autres cultures et religions, accepté de bon gré qu'on retire des institutions de notre État, de nos écoles, de nos hôpitaux tous les signes religieux chrétiens et/ou catholiques auxquels je crois toujours, ce n'est certainement pas pour accepter aujourd'hui qu'on les remplace par d'autres auxquels je crois moins et qui me paraissent, trop souvent à mon goût, porteurs de valeurs intégristes et intolérantes.

Voilà une des raisons pour lesquels j'appuie le projet de charte des valeurs du gouvernement Marois.



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