dimanche 1 juin 2014

Rétablir les faits !

C'est avec le plus grand étonnement que j'ai lu le communiqué de l'éditeur du Droit, Jacques Pronovost, dans le flot de réactions autour de mon exclusion de l'équipe éditoriale du Droit. Voici sa brève déclaration, diffusée le vendredi 30 mai en soirée. 
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«Nous tenons à préciser que Pierre Allard n’était pas un employé du quotidien Le Droit, mais qu’il agissait à titre d’éditorialiste occasionnel. Le Droit a entrepris depuis quelque temps une refonte de ses pages d'opinion et a amorcé un renouvellement de son équipe de collaborateurs à l'éditorial ainsi que de ses chroniqueurs. Nous avons mis fin à notre collaboration avec M. Allard dans le cadre de cette réflexion entreprise il y a plusieurs mois. Cette décision a été prise par la direction du quotidien Le Droit uniquement et aucune intervention ou consultation externes n’ont été effectuées.
Jacques Pronovost
Président et éditeur
LeDroit»

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Pourquoi suis-je étonné? D'abord parce que le rédacteur en chef, celui qui m'a annoncé la décision de mettre fin à ma collaboration de 12 ans à la page éditoriale, a invoqué comme seul motif de mon «renvoi» - et ce, on ne peut plus clairement - la publication de mon texte de blogue du 19 mai, intitulé Le silence assourdissant des salles de rédaction (http://bit.ly/S9UxqL).

On m'a essentiellement reproché d'avoir publié ce texte sans l'avoir soumis au préalable à la direction du journal, et d'y avoir enfreint, par mes propos, le «devoir de réserve» de l'éditorialiste. Pour ma part, j'ai plaidé que ce «devoir de réserve» ne s'étendait pas aux grands débats sur l'avenir de l'information, sur le passage au numérique et sur le sort éventuel du journal Le Droit au sein de l'empire Gesca. Que ces grands enjeux concernaient tous les artisans du journal… ainsi que le public lecteur. Et que sur ces questions, on devrait respecter - voir accueillir - la libre expression de chacun, chacune.

Quoiqu'il en soit, il n'a jamais été question, lors de ma rencontre avec le rédacteur en chef, d'un processus de renouvellement de «l'équipe de collaborateurs à l'éditorial». D'ailleurs, cela me fait sourire. M. Pronovost aurait pu - aurait dû - informer ceux à qui il destinait son communiqué que «l'équipe» de collaborateurs à l'éditorial, au quotidien Le Droit, ne comptait que deux membres, Pierre Bergeron et moi-même. Depuis vendredi matin, elle n'existe plus, M. Bergeron étant seul collaborateur. À ma connaissance, une seule personne ne peut, par définition, former une équipe…

M. Pronovost indique aussi que mon renvoi s'est fait dans le cadre d'une réflexion «entreprise il y a plusieurs mois». Si telle réflexion est en cours, elle est bien secrète. Au-delà du rédacteur en chef, qui a droit de regard sur l'ensemble du contenu y compris les pages d'opinion, l'équipe éditoriale ne compte que trois personnes - l'éditorialiste-en-chef et deux collaborateurs - et la nature même de notre travail nous met en communication plus ou moins constante. De plus, nous sommes tous les trois associés au Droit depuis plus de 35 ans. Il me semble que nous aurions eu vent, même sous forme de rumeur, d'une sérieuse «réflexion» sur le remplacement du personnel de notre petite équipe de deux collaborateurs…

Le seul changement relativement récent à la page éditoriale du Droit, c'est la suppression des éditoriaux du lundi (sans doute une mesure d'économie…) depuis l'été de 2013. Cela a eu pour effet de couper en deux (ou presque) le nombre de textes requis des collaborateurs. Il faut d'ailleurs noter que cette décision n'a pas été annoncée au public lecteur… D'autre part, les textes publiés le lundi à la place de l'éditorial sont présentés sous l'entête «Opinion» et ne sont pas considérés comme des éditoriaux. Les auteurs ne font pas, donc, partie d'un quelconque renouvellement des collaborateurs…

Du point de vue de M. Pronovost, il est dommage qu'il n'ait pas informé son rédacteur en chef du motif qu'il invoquerait pour justifier mon renvoi. Ce dernier aurait eu la tâche un peu plus facile…

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Un dernier mot sur sur le communiqué de M. Pronovost, qui précise que j'agissais à titre d'éditorialiste «occasionnel». Selon le Petit Robert, occasionnel signifie par hasard, fortuit, inhabituel… Pierre Bergeron et moi signons des éditoriaux selon un horaire tout à fait régulier depuis des années. Avant juillet 2013, c'étaient les lundis (P. Bergeron) et les vendredis (P. Allard). Depuis l'été dernier, nous écrivons en alternance pour l'édition du vendredi. De plus, nous savions que nous étions appelés à remplacer l'éditorialiste-en-chef quand celui-ci était en vacances ainsi que durant le temps des Fêtes. Cela ne correspond pas, mais pas du tout, à la définition d'occasionnel...










2 commentaires:

  1. Déplorable. Un dommage collatéral des nombreuses compressions annoncées par Gesca, PC, Radio-Can, etc. Non seulement les dirigeants d'entreprises font d'énormes compressions dans leurs effectifs, mais en plus ceux et celles qui osent en discuter et qui sont en poste, vont subir le même sort; c'est évident. Vite, comme le veut la CSN, un débat national sur l'information au Québec. Et, en passant, une excellente conférence sur l'avenir du journalisme et pourquoi ce sont les entreprises de presse qui donnent le ton à ceux et celles qui font la formation des futurs journalistes, donnée hier par Robert G. Picard, professeur à l'Université d'Oxford: http://www.robertpicard.net/files/Picard_deficient_tutelage.pdf

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  2. Où sont les Patrick Lagacé, André Pratte, Nathalie Petrowski, Marc Cassivi, Alain Dubuc, Marie-Claude Lortie et cie pour vous défendre ???? Eux qui déchiraient leur chemise pendant le conflit au Journal de Montréal...

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