jeudi 18 septembre 2014

La recherche des ancêtres


Les écrits restent. On se rend compte à quel point c'est vrai quand on essaie de se renseigner sur ses ancêtres et que les seuls «écrits» se trouvent dans des presbytères, dans des registres de cimetières ou encore, aux Archives publiques. On peut chercher, mais rien ne garantit qu'on va trouver. C'aurait été tellement plus simple si chacun, chacune avait mis sur papier quelques détails sur soi, sur sa famille, sur ses parents et grands-parents. Mais nous n'étions pas - du moins pas ma famille - des «écriveux»… Le plus souvent, les souvenirs sont morts avec ceux qui en avaient la garde.

Récemment, ma mère, toujours débordante de projets à 90 ans, m'a demandé d'aller avec elle au cimetière St-Paul d'Aylmer (ville de Gatineau), où ses grands-parents Alfred Longpré et Sara Dicaire sont enterrés. Retracer les lignes maternelles est toujours plus compliqué - mais bien plus intéressant - dans une société où le nom transmis de génération en génération était celui du père. Si j'accompagne les ancêtres Allard depuis les origines françaises, je suivrai le trajet linéaire des grands-pères, de leur arrivée à Charlesbourg au 17e siècle à leur émigration à Ottawa au 19e et 20e siècles…

Mais si je fais marche arrière en incluant les grands-mères, l'éventail s'élargit et ma recherche finit par porter sur des dizaines (centaines?) de noms de familles différents, de toutes les régions du Québec et d'ailleurs, dans les Maritimes ou en Ontario. Par exemple:

* Ma mère (Germaine) est une Jubinville, née en 1924 à Aylmer;
* Sa mère (Eva) une Longpré, née en 1897 à Mattawa (Ontario);
* Sa mère (Sara) une Dicaire, née en 1878;
* Sa mère (Anisome ou Onesime) une Danis, née en 1845;
* Sa mère (Émilie) une Brière, née en 1820 à St-Benoît;
* Sa mère (Hippolyte) une Demers, née en 1801 à Pierrefonds;
* Sa mère (Elisabeth) une Fresne, née en 1776 à Montréal;
* Sa mère (Cécile) une Dubé née en 1736 à Lachine;
* Sa mère (Marguerite) une Sigouin, née à St-Pierre, Île d'Orléans en 1707;
* Sa mère (Anne-Louise) une Dubeau, née à Québec en 1682;
* Sa mère une Jousselot, née dans le Poitou, en France, en 1658;
* Sa mère (Ozanne) une Drapeau, née en 1626.

Je pourrais faire les mêmes recherches pour les lignées maternelles de mon autre grand-mère, Alexina Tremblay (mariée à Joseph Allard), ou à celles de la mère de Joseph Allard, Éléonore Beaulne, ou à celles de la mère de mon grand-père Wilfrid Jubinville (époux d'Eva Longpré), dont le nom de famille était Maurice. Si tous, toutes avaient noté quelques détails sur leur vie, c'est toute la petite histoire du Québec qui serait enrichie.

Qui sait ce qu'auraient pu nous raconter Michel Dicaire (grand-père de Sara Dicaire) et son épouse Adèle Labelle, mariés à Saint-Eustache en 1835, deux ans avant la rébellion des Patriotes de 1837? On sait seulement qu'ils ont fini par quitter leur région natale (ils étaient originaires de St-Benoît, Deux-Montagnes) pour s'installer en Outaouais. Mon arrière-arrière-arrière grand-mère Adèle Labelle est décédée à Hull en 1897, et est enterrée au cimetière Notre-Dame de Grâce, à Gatineau. Sa tombe est disparue aujourd'hui, et si des dossiers sur elle existent toujours, ils sont aux Archives publiques…

Nous avons tout au moins retrouvé le monument d'Alfred Longpré (aussi appelé Médéric) au cimetière St-Paul. On indique qu'il est l'époux de Sara Dicaire, mais rien sur la pierre tombale ne dit que Sara est enterrée avec lui… Même chose pour son père Magloire, inhumé dans le lot voisin… Son épouse Anisome (ou Onésime) Danis, que ma mère a connue (elle est morte en 1933), était Autochtone ou Métis, et les autorités du cimetière m'ont assurée qu'elle n'est pas enterrée avec son mari… Peut-être est-elle avec sa famille, ailleurs… on ne sait pas. Une autre interrogation.

Ce dont je suis sûr, c'est que ce que je fais là avec mes ancêtres, tous, toutes peuvent le faire aussi… en n'oubliant pas de laisser quelques notes pour les générations futures. Qui sait ce que ces recherches pourront nous apprendre? Peut-être des récits palpitants, comme celui de mon arrière grand-père Alfred Longpré, mort en héros en sauvant la vie d'un bûcheron dans un chantier forestier. Ou simplement la joie de savoir que j'ai, quelque part, de lointains cousins qui s'appellent Brière, Demers, Sigouin, Dubeau, Beaulne, Deschamps, Drapeau, Labelle, Doré, Caille, Deguire, Poirier, Parent, Masson, etc.

Ou encore l'intérêt d'apprendre que le premier des Dicaire, dans les années 1600, était originaire d'Angleterre et de Terre-Neuve et s'appelait Dicker. Prononcé à la française, cela fait Dicaire. Arrivée ici vers la fin du 17e siècle, il a vite modifié son nom à Dicaire et voilà… J'ai donc, dans un lointain passé, un ancêtre britannique. Ça je ne le savais pas. Ma grand-mère Eva m'avait parlé de ses racines autochtones, et mon grand-père Jubinville m'avait parlé d'une arrière-grand-mère espagnole… Tous les autres étaient originaires de France… l'ancêtre Allard ayant émigré de Rouen, en Normandie.

Enfin, je viens à peine de commencer mes recherches… c'est à suivre…

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