mardi 30 septembre 2014

Trop de questions sans réponse…


On en apprend à tous les jours. Et parfois, certains jours, comme aujourd'hui, on apprend... qu'on n'apprendra pas. Une question qui reste sans réponse, pour un vieux journaliste comme moi, c'est un petit bogue irritant qui s'infiltre et qui clignote sans arrêt (pour un temps) dans un coin de mémoire… Enfin, pour le moment il clignote…

C'est aujourd'hui l'anniversaire de naissance de mon frère Robert, d'un an mon cadet, et mon voisin à Gatineau depuis 34 ans. Est-ce par manque d'imagination, par habitude? À nos fêtes, on s'échange des cartes-cadeaux ou un livre, le plus souvent achetés au magasin Archambault. Ce matin, en lisant quelques textes sur le site Web du Nouvel Observateur, j'avais noté avec intérêt la parution récente de Mon tour du monde, une collection de textes signés Charlie Chaplin dans lesquels le célèbre comique raconte - et commente - ce dont il avait été témoin au cours d'un périple planétaire en 1931.

Mon frère étant historien de formation, je me suis dit que ce serait là un cadeau à la fois divertissant et instructif. Et hop, en route pour Archambault… un défi en soi compte tenu que le centre commercial Les Promenades est en pleine reconstruction et que, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, on doit négocier des chantiers, des labyrinthes et des courses à obstacles. Enfin, arrivé sur place et n'ayant rien trouvé dans la section Biographies, je fais ce que la plupart feraient… demander de l'aide…

Le préposé ne connaissant pas le livre, on se transporte immédiatement à l'écran où rien ne correspond à ma requête. Je lui propose de regarder les indications du Nouvel Obs et effectivement voilà la référence: Mon tour du monde, par Charlie Chaplin, Les Éditions du Sonneur, 212 pages, 16 euros. Le prix est européen, remarque-t-il. Oui, évidemment c'est un texte de France. Bien sûr, précise-t-il, mais il arrive qu'un livre disponible en Europe ne le soit pas nécessairement en Amérique du Nord.

Rien n'indique, toutefois, si - ou quand - Mon tour du monde sera mis en vente ici… Est-il possible de savoir? Je suis sûr que le jeune préposé n'a pas quelques heures à me consacrer et la réponse à cette question pourrait impliquer un appel au siège social d'Archambault, à Montréal, ou même à l'éditeur… Je lui propose de vérifier pour un second livre de Chaplin, un roman inédit intitulé Footlights et qui doit paraître en France aux Éditions du Seuil le 3 octobre. Celui-là apparaît dans le logiciel d'Archambault et annonce la mise en vente nord-américaine à compter du 17 novembre…

Pourquoi un délai d'un mois et demie entre la publication en Europe et celle au Québec? Même en expédiant les livres par bateau, ça ne prend pas plus d'une semaine à traverser l'Atlantique… J'ai peine à croire qu'il puisse y avoir des avantages de marketing à retarder la vente d'un tel roman ici, dans un marché bien plus petit que celui de l'Europe francophone… Enfin, le préposé n'a pas de réponse à cette question et à moins de faire enquête moi-même, je devrai laisser tomber. Tout de même… Alors cette fois, cher frère, ce sera une carte-cadeau...

Avant de quitter Archambault, j'avais résolu d'acheter le plus récent album de Tire le Coyote, que j'entends à l'occasion à la radio satellite Franco-Country. Le magasin Archambault est sans doute la meilleure source de musique francophone à Gatineau, et effectivement le disque est offert (l'album s'appelle Mitan), mais le prix est - selon moi - outrancier: 25,99$. Je demande au préposé des disques s'il y a erreur, compte tenu que la plupart des autres CD coûtent moins de 20$ et, sur vérification, c'est bel et bien le prix.

Pourquoi si cher? Peut-être un album à tirage limité, avance-t-il, mais il ne sait pas. Comment faire pour savoir? Là il faut s'adresser au siège social, préférablement par le site Web semble-t-il. Cela vaut-il vraiment la peine d'interroger quelque administrateur de la chaîne de magasins pour savoir pourquoi je paie 26$ pour entendre Tire le Coyote? Non, je devrai ajouter celle-là au panier des questions non répondues du matin (trois jusqu'à maintenant…).

Et pourtant, ça me chicote et je décide d'aller voir au magasin HMV du centre commercial, même si je dois traverser un sombre chantier intérieur entre les ouvriers de construction et les débris au sol… La section de musique francophone au magasin HMV est minuscule et occupe - à vue - moins de 5% de la surface de l'établissement. Miracle, l'album de Tire le Coyote y est, et au prix régulier de 18,99$, sept dollars de moins que chez Archambault.

Avant de sortir, sur ma lancée de questions, je demande aux deux commis pourquoi la section de musique en français est si petite. L'un et l'autre semblent pris de court. De ce que j'ai cru saisir de leur réponse qui n'en était pas une, ils ont beaucoup de CD en français (ils devraient aller voir chez Archambault…) et je dois comprendre qu'il y a sur le marché bien plus de disques en anglais (ça je le savais…). Si je veux offrir un commentaire, je peux m'adresser au siège social. Où est-il situé? «C'est à Toronto», disent-ils. Ah…

Dernier arrêt chez Archambault (retraversée du chantier du futur Simons) pour montrer aux responsables mon Tire le Coyote payé 18,99$, le prix régulier au HMV… Comment expliquer la différence? Que je paie 7$ de moins pour ce disque dans la chaîne de magasins de Toronto? Je n'aurai pas de réponse là non plus…

C'est trop de questions sans réponse pour une seule journée. Je ne sais pas pourquoi des livres sortent plus tard au Québec qu'en France… Je ne sais pas quand Archambault aura en librairie Mon tour du monde de Charlie Chaplin… Je ne sais pas pourquoi l'album Mitan de Tire le Coyote coûte 25,99$ chez Archambault et 18,99$ chez HMV… Je ne sais pas pourquoi la section de musique en français de HMV est si minuscule… Et je ne sais pas pourquoi on laisse le public traverser un chantier de construction intérieur dans un centre commercial…

Ce que je sais, cependant, c'est que dans plusieurs commerces, le personnel n'a pas en main l'information requise pour répondre aux questions de la clientèle, et que la personne qui l'a, cette information, est probablement dans une autre ville, à l'abri de vos questions. Mon dernier souvenir en sortant du centre commercial. Je passais dans un grand magasin, et une vieille dame se plaignait à la jeune vendeuse que les chaussures qu'elle essayait lui faisaient mal aux pieds. «Inquiétez-vous pas, répondit l'employée, c'est du cuir. Ils vont s'étirer…»




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire