mercredi 6 mai 2015

Mauviettes s'abstenir...

La politique, au Québec comme partout, est un sport extrême. Mauviettes s'abstenir… Nous somme ici dans une arène où les coups bas, l'intimidation et la tricherie sont presque toujours au menu. Je n'aime pas beaucoup ça… Je le constate, tout simplement. Peu de politiciens seront canonisés. Personne n'est autorisé à lancer la première pierre dans la classe politique, parce que tous, toutes ont péché. Tous, toutes ont égratigné. Tous, toutes portent des égratignures. Certain(e)s plus que d'autres...

Alors quand on vient me lancer en manchette, à la une, les sautes d'humeur attribuées à un certain Pierre-Karl Péladeau (http://bit.ly/1OY0CCa) qui ambitionne de devenir chef du Parti québécois et premier président d'une république québécoise, je ne m'en fais pas trop. En politique, je me méfie bien plus des sourires que des colères. Les premier sont souvent hypocrites, les secondes bien plus franches. Et depuis 45 ans, j'en ai vu des tas de «sautes d'humeur» dans tous les partis, dans toutes les législatures, dans toutes les luttes électorales. Ça fait partie du quotidien.

Quand je scrute la faune politique, je ne cherche pas les saints, les Gandhi ou les peace and love avec des fleurs dans les cheveux… Ils n'y sont pas… Le truc, c'est de déceler dans la bagarre ceux et celles qui (au-delà d'objectifs auxquels je peux souscrire) apparaissent les plus intègres, ceux et celles dont les actions se conformeront le plus aux discours et aux programmes qu'ils présentent. Ceux et celles qui ne nous passeront pas un «Couillard» au prochain scrutin…

Fin avril, au dîner annuel de la presse à Washington, le président américain a utilisé les services d'un comédien pour lui servir de «traducteur de colère» (http://bit.ly/1by2izR)… Après un énoncé calme de M. Obama, le «traducteur» relançait le même message sur un ton de colère, pour marquer la différence entre ce qu'un politicien peut dire et ce qu'il ressent… À la fin, sur le thème des changements climatiques, le président s'emporte lui-même et, en haussant le ton, traite avec véhémence les climato-sceptiques de stupides et d'irresponsables… Le message était clair. Le véhicule de sa franchise était la colère…

Là-bas comme chez nous, les politiciens sont de plus en plus «fabriqués», dressés et formés selon les exigences de la rectitude politique telle que comprise par des experts en marketing politique et des sondeurs chargés d'assurer leur élection, leur réélection ou le maintien de leur cote de popularité. Alors quand arrive dans le lot celui ou celle qui s'éloigne de temps en temps du scénario des dresseurs, qui fait à l'occasion des sorties controversées (p. ex. sur l'immigration) ou qui «saute dans la face» d'un collègue ou d'un adversaire dans l'intensité d'un débat, il faut le conserver précieusement.

Je ne sais pas qui a inventé la maxime suivante mais je l'ai souvent entendue: «Qui a du caractère, a rarement bon caractère.» Il y a du vrai là-dedans. Cela peut paraître à certains comme un défaut, mais dans la gestion des affaires publiques, j'aurais tendance à y voir une qualité. Les défis que nous devons relever comme peuple, comme nation ne doivent pas être confiés à des mauviettes mais à des battants, des élus capables de lever le poing quand il le faut. Pierre-Karl Péladeau semble être de cette trempe.

Souvent, des gens comme PKP arrivent en politique avec un bagage d'ennemis. Il traîne un passé antisyndical et je compte parmi ceux qui n'auraient pas hésité à l'affronter jadis. Mais la politique n'est pas le syndicalisme. L'entreprise privée n'est pas une démocratie (j'en sais quelque chose…) et la hiérarchie inhérente aux droits de propriété y favorise la confrontation avec les employés quand ceux-ci deviennent conscients de leur valeur, tant humaine qu'économique.

Se faire élire à une législature par les citoyens ou devenir chef d'un parti où règne la diversité, c'est bien autre chose. Dans l'arène publique, l'autorité ultime reste l'électorat. Pierre-Karl Péladeau doit accepter des règles du jeu différentes. Que dis-je, de fait... il y ici a peu de règles entre les scrutins. À peu près tout est permis en politique, et ses adversaires lutteront souvent à forces égales ou supérieures. Son héritage médiatique ne l'aide pas. Ça se voit. Il finira par s'y faire. Par contre, il apporte avec lui une aura de réussite en affaires et d'efficacité. Ce qui m'apparaît sûr, c'est que ses écarts occasionnels de comportement ou de langage ne lui nuisent pas. Ils sont la marque de tous les grands politiciens…






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