mercredi 5 août 2015

Campagne électorale: il faudra surveiller de près les médias

Dans une société où l'information circule librement, les médias - presse écrite, télé, radio et leurs versions Web - sont censés faire partie des chiens de garde de de la démocratie. Et ce, particulièrement en période électorale. J'ai toujours cru - et je crois toujours - qu'un public bien informé est mieux équipé quand vient le temps de déposer son bulletin de vote.

Depuis mon entrée comme journaliste au quotidien Le Droit (alors propriété des Oblats de Marie Immaculée) en 1969, j'ai fait miens quelques principes de base pour assurer que les médias soient en mesure de remplir leur mission d'assise de la démocratie:

1) le rôle premier des médias d'information est de rapporter le plus objectivement possible à son public les faits, en les situant au besoin dans un contexte qui permet de mieux les comprendre.

2) les textes (et photos) d'actualité doivent être dénués de commentaires ou d'opinions de l'auteur ou de son employeur. Cette règle doit être appliquée rigoureusement, pour que l'information demeure fidèle et crédible.

3) les textes éditoriaux, les chroniques et les blogues doivent être présentés séparément des textes d'actualité, et les auteurs de ces textes doivent être soumis à des codes de conduite connus et accessibles - tant aux auteurs qu'au public.

C'est certes incomplet comme «bible» d'un bon journal, mais tout de même… Si l'on respecte ces principes de base, on a de bonnes chances de présenter un produit acceptable. Et tout ce qui entrave ces principes de base doit être combattu - par le public lecteur ou auditeur, par les journalistes eux-mêmes et par les organismes syndicaux et professionnels qui les représentent.

Au début d'une campagne électorale exceptionnellement longue, il est bon de rappeler de telles règles et de les utiliser pour analyser la performance médiatique d'ici au 19 octobre. C'est en me fondant sur ce code de conduite que j'ai critiqué une multitude de fois, depuis plus de 30 ans, la publication abusive de sondages d'intentions de vote en période électorale.

Le rôle premier des médias est «de rapporter les faits», de couvrir l'actualité… et non de la créer. Les sondages commandés détournent les médias de leur mission première et constituent une intrusion dans le processus électoral. Au cours de la dernière campagne fédérale, le public a eu droit à des plusieurs dizaines de sondages pan-canadiens, québécois et régionaux pendant une campagne de moins de 40 jours… Combien y en aura-t-il cette fois? Le premier est apparu le jour même du déclenchement des élections…

Le brouillage croissant des frontières entre l'actualité et le commentaire constitue un autre terrain que les organismes professionnels et syndicaux des journalistes ont avantage à scruter. Cela ne signifie pas seulement guetter le contenu des textes, mais aussi leurs titres et leur placement dans l'ordre des priorités des journaux imprimés et électroniques, au jour le jour.


Je me permets, à titre d'exemple, un texte dans La Presse d'aujourd'hui (site Web, 5 août 2015), intitulé Option nationale investit le Bloc. D'abord le titre est inexact et tendancieux. Le mot «investir», selon le dictionnaire Larousse, signifie «se répandre en un lieu au point de l'occuper ou de paraître l'occuper entièrement». Or, onze des 41 candidats choisis par le Bloc ont des antécédents à Option nationale. Cela ne justifie pas le terme «investir»…

Quant au sujet du texte, sa présentation comme une des manchettes du jour suggère une grande importance. Et son contenu suggère dans cette proportion de candidats originaires d'Option nationale une quelconque anomalie. C'est un point de vue, et non un fait. La suggestion du retour d'une certaine unité des indépendantistes au sein du Bloc aurait été un autre point de vue possible, mais tout aussi inacceptable que le précédent…

Et j'ose espérer - peut-être est-ce déjà fait - que La Presse a commandé à ses journalistes de décortiquer les antécédents des candidats et candidates de tous les autres partis, qui ont aussi leur lot de transfuges. Il ne faudrait pas, après tout, cibler le Bloc à cet égard…

Enfin, la campagne commence, et c'est le temps de prendre de bonnes résolutions… Heureusement, ou malheureusement selon le point de vue, les médias sociaux seront aux aguets…





1 commentaire:


  1. L’ombudsman de Radio-Canada donne raison au Bloc Québécois d’Ahuntsic-Cartierville

    8 septembre 2015
    https://electionfed2015.wordpress.com/2015/09/08/lombudsman-de-radio-canada-donne-raison-au-bloc-quebecois-dahuntsic-cartierville/

    Madame nous cause un tort immense en ne mentionnant pas la candidature de M. Nicolas Bourdon. D’une journaliste d’expérience, c’est troublant, surtout que la circonscription Ahuntsic, devenue Ahuntsic-Cartierville, a été remportée en 2011 par le Bloc québécois et sa députée Maria Mourani. Le 31 mai 2015, M. Nicolas Bourdon a remporté l’investiture du Bloc québécois dans Ahuntsic-Cartierville et fait campagne dans cette circonscription depuis cette date. »

    Il est en effet troublant que la journaliste dresse un portrait des candidats de la circonscription sans mentionner le Bloc Québécois qui a pourtant remporté ce comté à plus d’une reprise.

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