jeudi 6 août 2015

Défendre le Québec à Ottawa, ce n'est pas «cheap»...

La chronique de Francine Pelletier intitulée Nos valeurs, publiée dans Le Devoir du mercredi 5 août, m'a littéralement coupé le souffle… Je suis habitué aux attaques contre le Bloc québécois, mais celles-ci dépassent parfois les bornes... De mon point de vue, en tout cas.

Non seulement s'oppose-t-elle au principe même de la présence d'un parti indépendantiste à Ottawa, mais elle va jusqu'à affirmer que le Bloc - pour justifier son existence - doit «sans cesse raviver le spectre du méchant Ottawa, indifférent à notre sort, ou pire, complotant dans notre dos», ou encore «continuer à dandiner le fretin mort de notre humiliation constante». Le mouvement souverainiste, dit-elle, mérite «une raison-d'être moins cheap»...

Parlons-en, du principe même de la présence du Bloc… Depuis 1867, et encore davantage depuis la Révolution tranquille, les élus québécois à la Chambre des communes ont toujours revendiqué le droit de parler en notre nom dans toute matière ayant trait à la relation entre le Québec et les autres États de la fédération canadienne.

Quand, à compter de novembre 1976, plus de 70 députés du Parti québécois ont formé le premier gouvernement indépendantiste à l'Assemblée nationale, ils avaient en face d'eux à Ottawa 75 députés fédéraux libéraux, conservateurs et créditistes - élus par les mêmes citoyens - qui se disaient eux aussi, avec raison, représentants légitimes des aspirations du peuple québécois.

Ces députés fédéraux ont autorisé - encore une fois en notre nom - la suppression de nos droits et libertés et l'intervention de l'armée au Québec pendant la crise d'octobre de 1970, ainsi que le coup d'État de 1982 destiné à nier notre existence collective dans la Constitution. À partir de 1993, pour six élections d'affilée, ils n'ont pas eu ce luxe… grâce à la présence du Bloc québécois. Depuis 2011, c'est le retour à la normale avec des néo-démocrates bien dociles.

La question de principe est toute simple. Qui voulons-nous voir parler «en notre nom» à Ottawa? Des fédéralistes ou des souverainistes? Et ne venez pas me relancer le vieil argument des avantages de la participation au pouvoir dans des gouvernements conservateurs, libéraux ou néo-démocrates. Nous ne sommes pas et ne serons jamais majoritaires. Le droit de décision appartiendra toujours à la majorité anglo-canadienne. Et c'est normal. En démocratie, la majorité a le droit légitime d'exercer le pouvoir.

Bien sûr, la décision ultime en matière de souveraineté se prendra au Québec. Entre-temps, d'importantes décisions continuent se se prendre à Ottawa. Y élire des députés du Bloc, c'est envoyer aux Communes des représentants qui participeront loyalement au processus politique, pas pour «dandiner le fretin mort de notre humiliation», mais pour nous défendre et pour montrer au reste du pays ce que feraient les Québécois s'ils avaient le droit de décider seuls dans les domaines de compétence appartenant au gouvernement central.

Qu'ont fait, sur ce terrain, les près de 60 néo-démocrates depuis 2011 pour promouvoir leur propre Déclaration de Sherbrooke? À peu près rien. Ils ont dénoncé le projet de Charte de laïcité du gouvernement Marois, et «Tom» Mulcair propose encore aujourd'hui d'envahir des champs de compétence provinciaux…

Entre 1993 et 2011, le Bloc a défendu vaillamment les intérêts du Québec et de la francophonie canadienne, bien plus que les partis traditionnels. Ce n'est pas cheap, loin de là. Je dirais même qu'il y a beaucoup de noblesse là-dedans.

Et son travail n'est pas terminé.








1 commentaire:

  1. Une majorité d'élus pour autant d'élections de circonscriptions. Mais jamais une seule élection pour un chef de Gouvernement. Pas pour rien que l'on critique un Premier Ministre d'une circonscription.

    RépondreSupprimer