dimanche 30 août 2015

Université franco-ontarienne… Un peu de tapage pendant la campagne électorale?


C'est la rentrée scolaire 2015 et les francophones de l'Ontario n'ont toujours pas de réseau universitaire bien à eux... un droit pourtant acquis aux Anglo-Québécois depuis la Confédération… La demande franco-ontarienne est sur la table depuis au moins la fin des année 1960 et, plus récemment, le Regroupement étudiant franco-ontarieo (RÉFO), avec ses deux alliés, l'Assemblée de la Francophonie de l'Ontario AFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), avait propulsé le dossier à l'avant-scène vers l'automne 2012...

Dans un éditorial du Droit du 28 septembre 2012, j'écrivais : «N'a-t-on pas déjà perdu assez de temps? Avec un peu de volonté politique, le gouvernement McGuinty pourrait demander à un groupe d'experts de faire le point sur la viabilité d'un projet d'université de langue française, et de proposer un projet. Qu'on mette tous ces brillants cerveaux universitaires à l'oeuvre sans délai.» Le gouvernement ontarien n'a rien fait…

Après un sommet étudiant en février 2013, quelques portes avaient semblé s'entrouvrir à Toronto, pour ensuite sembler s'entrefermer… J'avais alors averti en éditorial, encore dans Le Droit«Le RÉFO ne doit pas se laisser prendre à ce petit jeu d'usure auquel des gouvernements ontariens successifs se livrent depuis un demi-siècle. On offre des miettes et on découvre vite que c'est déjà trop.» Cette fois, même les miettes n'étaient pas sur la table.

Ont suivi en 2013 et en 2014 des consultations régionales exhaustives, une mobilisation provinciale, un sommet pan-ontarien et un rapport très complet étalant noir sur blanc les besoins criants des francophones de l'Ontario en matière d'études postsecondaires. Et tout ce qu'on a récolté, c'est une vague et insultante promesse d'un seul campus de langue française, probablement dans la région de Toronto alors que la clientèle se trouve très majoritairement à Ottawa et Sudbury… L'échéancier? Quand un budget équilibré le permettra… donc, on ne sait pas…

C'était urgent en 1969… encore plus en 2012… et nous voilà à l'automne 2015 avec «zéro» résultat concret pour tous les efforts des mouvements étudiants et de leurs alliés depuis trois ans… Le dossier de l'université de langue française n'est pas mort, mais y'é pas fort… Les mobilisations étudiantes sont difficiles à soutenir à long terme quand les revendications portent sur des projets que le gouvernement est prêt à faire «traîner» pendant des années, voire des décennies…

L'intérêt médiatique pour cette question n'a jamais été grand à l'extérieur du Droit, du réseau ontarien de Radio-Canada, de TFO et des hebdos franco-ontariens. Et même là les médias auraient pu en faire davantage… Au Québec, comme d'habitude, une relative indifférence règne à l'endroit des grands dossiers de la francophonie hors-Québec, y compris celui-là Au Canada anglais, ça oscille entre l'ignorance, l'indifférence et l'hostilité, avec des hoquets occasionnels de sympathie…

Mais l'occasion est bonne de relancer le projet d'université ontarienne de langue française - à travers le pays - avec la campagne électorale fédérale… La première ministre de l'Ontario, Mme Wynne, ne s'est pas privée pour intervenir et prendre le taureau Harper par les cornes… Elle a entrouvert une porte que les étudiants franco-ontariens peuvent enfoncer… Qu'attendent-ils pour dire au pays et à tous les partis que le gouvernement libéral ontarien, ainsi que ceux qui l'ont précédé, conservateurs et néo-démocrate, ne font rien pour corriger certaines injustices envers leur minorité francophone - et notamment les lacunes à l'universitaire (un secteur qu'Ottawa subventionne depuis longtemps)…

Qu'attendent les étudiants du REFO et de la FESFO pour convoquer les médias québécois à Montréal et demander aux partis pan-canadiens comment ils font pour concilier leur engagement envers ce pays soi-disant bilingue quand sa plus importante minorité francophone ne réussit même pas à compléter son réseau scolaire au niveau postsecondaire? Et, tant q'à y être, pourquoi ne pas demander à Québec d'envisager d'accorder aux Anglo-Québécois un statut semblable à celui des Franco-Ontariens, à l'universitaire… En imposant un statut bilingue à McGill et Concordia, par exemple, et en laissant Bishop's comme seule institution universitaire de langue anglaise…

Les médias anglo-canadiens crieraient au meurtre… eux qui gardent un silence coupable et hypocrite devant les injustices faites aux Franco-Ontariens… Avis aux leaders étudiants franco-ontariens: surtout, ne commandez un 7up en français si vous allez à Montréal en avion pour votre conférence de presse… et ne vous impatientez pas à bord de l'avion si on vous refuse le service en français… on pourrait vous arrêter et vous faire escorter par des agents de sécurité pour avoir troublé la paix...

Et puis, pourquoi insister? Peut-être le dossier de l'université de langue française en Ontario est-il déjà tabletté pour un autre demi-siècle…







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