vendredi 4 septembre 2015

Parfois savoir ne suffit pas… Parfois il faut voir…

Je me préparais aujourd'hui à une analyse croustillante de l'évolution des sondages d'intentions de vote au fédéral depuis le début d'août… Une demi-heure d'alignement de tableaux et de chiffres et l'examen des arcs-en-ciel de colonnes bleues foncées, bleues pâles, rouges, oranges et vertes m'ont laissé tout à fait indifférent… Remise à demain ou à un autre jour…

Ne voulant pas rester inactif et ayant complété la tonte du gazon hier soir, j'ai tenté de poursuivre l'indexation de mes vieux magazines des années 1960 et 1970. J'en suis présentement à mi-chemin dans mes numéros de la revue Maintenant, un trésor de ressources sur le Québec. Malgré tous mes efforts, la pile de documents est restée sur mon bureau… Je n'ai pas le goût…

Un tour rapide des émissions de télé, des chaînes de films… puis quelques essais à la radio, tout aussi stériles… Même ma collection de vinyles 33 tours et 45 tours, habituellement un refuge sûr pour me distraire quand tout le reste échoue, ne réussit pas à me remonter le moral cet après-midi…

Je n'ai qu'une image en tête et rien ne peut l'en chasser… cette photo du garçon syrien de trois ans, Aylan Kurdi, noyé, étendu sur une plage turque… un petit humain vêtu d'un t-shirt rouge et de pantalons bleus… victime innocente du carnage dans son pays et de la fuite désespérée de familles entières vers des lieux hostiles ou indifférents…

Je ne veux plus voir cette photo… et pourtant je ne peux plus y échapper… Parfois savoir ne suffit pas… parfois il faut voir… Parfois il faut connaître avec le coeur et avec les tripes autant qu'avec la tête… Et pour que les choses changent, pour que notre connaissance mène à des actions concrètes, il faut que le savoir nous enrage, qu'il nous fasse pleurer, qu'il nous culpabilise…


Une des nombreuses caricatures parues hier

Dans ce petit bout d'homme, il y a toute l'humanité... Toute l'humanité sur une plage, de Turquie ou d'ailleurs. Tous ces millions d'enfants (et d'adultes) échoués, abattus, affamés, blessés, tués, victimes le plus souvent invisibles de conflits comme la guerre en Syrie, qu'on ne verra jamais en photos…

Dans ce petit bout d'homme, il y a aussi une vision de nos propres enfants, nos petits-enfants… qu'on ne peut s'empêcher d'imaginer sur une plage lointaine… fuyant une guerre civile, naufragés en mer, noyés…

Je garde ce soir mon petit-fils Cédric, qui a quatre ans… Je lui offrirai sûrement un câlin de plus, avec la promesse de tout faire pour lui léguer un monde dans lequel aucun petit Cédric ne risquera d'échouer sur une plage de Turquie…

Je ne veux plus voir cette photo… et pourtant je ne peux plus y échapper…

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