vendredi 6 novembre 2015

Entre le stylo, le papier et l'appareil photo...

Une combinaison de choix et de hasards ont fait de moi un journaliste, un rédacteur, un lecteur. Mon univers de travail aura gravité le plus souvent autour de mots, de phrases, de textes, de journaux, de magazines et de livres. C'est mon chez-moi... et j'y tiens. Mais je dois avouer que j'ai toujours eu un faible pour la photographie. Les photographes m'ont toujours semblé mener une vie plus aventureuse que nous les scribes avec nos calepins, crayons et enregistreuses…

Et s'il est vrai qu'une image vaut mille mots, l'excellent cliché d'un photographe touche plus souvent les coeurs et le cerveaux qu'une savante analyse ou un percutant éditorial. On n'a qu'à penser à la récente photo du petit réfugié de trois ans, retrouvé noyé sur une plage de Turquie. Cette image a ébranlé les sensibilités de la planète plus que les milliers de textes ou reportages publiés auparavant dans la presse mondiale.

L'occasion de photographier est sans doute l'un des motifs pour lesquels j'affectionne les voyages depuis que je suis quasiment à la retraite. J'y troque (pas complètement) le stylo pour l'appareil photo en espérant meubler un bel album à mon retour… tout en émaillant mes pages Facebook de quelques clichés quotidiens.

Je ne prétends pas avoir l'oeil ou le talent d'un «vrai» photographe, mais comme me l'affirmait récemment un ancien membre de l'équipe photographique du quotidien Le Droit, les appareils numériques ont permis à tout un chacun de devenir photographe. Il suffit de prendre des centaines, des milliers de photos… dans le lot on trouvera sûrement quelques images exceptionnelles...

le parlement hongrois à Budapest, visible sur les écrans des appareils photo

Je n'y avais pas vraiment pensé sous cet angle. Je sais que chez moi, quelques grosses boîtes sont remplies d'enveloppes et d'albums de photos. Certaines, provenant des collections de mes parents, ont plus de 70 ans. Mais les plus récentes datent de 2002… Rien après… C'est en 2002 que j'acheté mon premier appareil numérique, de marque Sony. Depuis ce temps, mes photos sont éparpillées sur quatre disques durs et une collection de clés USB… Pas très commode…

Après notre voyage en Normandie et dans la région de La Rochelle à l'automne 2013, j'ai fait imprimer quelques centaines de mes photos chez Jean Coutu (à 9 cents l'exemplaire) et j'ai confectionné un album de nos dix jours sur les routes de France. Cela donne un souvenir bien plus agréable - et plus tangible - de nos péripéties dans la mère-patrie que de s'installer devant l'écran de l'ordi et de passer en revue un diaporama du répertoire septembre-octobre 2013… ce qu'on ne fait jamais de toute façon...

Notre croisière fluviale sur le Danube et le Rhin, cet automne (2015), fera l'objet d'un nouvel album. Je me suis demandé, pendant ce voyage, comment les autres passagers conserveraient les images captées pendant ces 15 jours en Hongrie, en Slovaquie, en Autriche, en Allemagne et aux Pays-Bas… Nous étions près de 200 sur le bateau de Viking River Cruises et à peu près tout le monde prenait des photos… Même le personnel de Viking captait des images et les présentait en boucle sur de gros écrans dans le salon-bar...

en croquant un autre bateau Viking, j'ai aussi capté le reflet de Ginette qui faisait la même chose...

Il y a 20 ans, chacun, chacune, serait arrivé à bord avec une dizaine ou une vingtaine de rouleaux de film (couleur ou noir et blanc) de 24 ou 36 poses. Cela aurait limité le nombre de poses, non seulement pour s'assurer d'avoir suffisamment de film mais aussi, n'ayant pas d'écran à notre disposition, pour essayer de croquer la scène au moment qui aurait offert (du moins on l'espérait) la meilleure image. Pas question de gaspiller des poses, et on serait revenu du voyage en espérant que les rouleaux de film laissés au magasin de photo seraient à la hauteur de nos attentes. Ils ne l'étaient pas toujours…

à chaque village, château, église, la ruée photo...

Aujourd'hui, et je l'ai noté durant notre croisière, bien des passagers mitraillaient (en photo) sans réserve les paysages et les gens, du premier au dernier jour. Si on me disait que plus de 200 000 photos ont été prises durant ces 15 jours, je ne serais pas du tout surpris. Personnellement, j'en ai conservé plus de 1000… Et plusieurs de ces photos ont été affichées dans des pages Facebook et ailleurs sur Internet, à travers le monde, ce qui signifie que des milliers de parents et amis en Amérique, en Europe et en Océanie pouvaient suivre notre croisière de fleuve en fleuve, de ville en ville…

Ainsi nos photos, par l'intermédiaire des médias sociaux, deviennent-elles aujourd'hui des moyens de communication en temps réel, ainsi que d'importants outils de promotion (pour les vendeurs de telles croisières) et de marketing (pour le tourisme dans les villes et pays visités). Et c'est sans compter les échanges courriel de photos, par milliers sans doute, avec des gens qui étaient, jusqu'alors, de parfaits étrangers et avec qui des relations d'amitié se sont nouées durant 15 jours de croisière fluviale.

clic, clic, et re-clic...

À un certain moment, je n'ai pu m'empêcher d'observer le comportement des gens qui photographiaient, à bord du bateau ou durant les visites guidées des villes que nous avons foulées. Certains cherchent l'originalité et s'écartent du groupe pour photographier des décorations, une affiche murale, une statue, un arbre, une fleur ou un petit resto-terrasse… Mais souvent, on assiste à des séances de clics collectifs, la horde se ruant au même moment vers une occasion d'image recommandée par un guide… ou pour ne pas manquer un seul château sur le Rhin… moi inclus…

Enfin, quelques passagers semblaient plus professionnels et utilisaient un équipement ultra-sophistiqué… Leurs photos seront sans doute retravaillées au retour et destinées à un usage possiblement commercial. Se trouvait à bord une Américaine qui avait contribué au National Geographic. Il y aurait en effet eu durant cette croisière suffisamment de matière pour un excellent photo-reportage...

je suis surpris que personne soit tombé à l'eau en prenant des photos...

On n'échappe pas non plus à la mode répandue des égoportraits (selfies). Même Ginette et moi s'y sommes prêtés à quelques reprises. Ce que je n'avais jamais vu, cependant, c'est cet étrange machin qu'on appelle communément selfie stick, une espèce de rallonge avec connexion à l'appareil photo (le plus souvent un téléphone intelligent ou un iPod ou quelque chose du genre) qui permet de prendre un égoportrait à une distance plus éloignée que l'extension normale du bras… Fascinant...

Un des fameux selfie sticks à un mariage, à Cologne (Allemagne)

Voilà maintenant près d'un mois que nous sommes de retour à Gatineau, où les occasions de photo se font plus rares... mais j'y traîne toujours mon iPod au cas où…

Hier, cependant, en tentant pour la xième fois de nettoyer le garage, je suis tombé sur les appareils photo de mon père… d'excellents 35 mm d'une autre époque, bien conservés dans des sacs et étuis empoussiérés… Je serais tenté d'en essayer un, mais je ne sais même pas si des magasins vendent toujours des rouleaux de film et si des endroits comme Costco ou d'autres les développent… J'ai brièvement feuilleté les pages jaunes du Web pour découvrir, en passant, qu'il semble toujours exister un «centre de la diapo» dans le secteur Hull de Gatineau…

J'me demande si je pourrais réussir à connecter un vieux Pentax de mon père à un selfie stick… En français, apparemment, on dit «manche pour égoportraits»...




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