mercredi 29 juin 2016

Service à la caisse pop: les membres ne sont pas tous égaux...

Le centre de services St-René (et siège social) de la Caisse Desjardins de Gatineau. 

Cette semaine, l'après-midi du mercredi 28 juin, je me suis rendu au centre de services St-René de la Caisse Desjardins de Gatineau (on a enlevé le «populaire» du nom même si les gens disent toujours «caisse pop») pour déposer un chèque au compte conjoint familial.

Cette opération aurait dû, en temps normal, durer au plus une quinzaine de minutes, dépendant des files d'attente. Je sais que j'aurais pu utiliser un guichet Desjardins au magasin IGA tout près de chez nous, mais je préfère prendre mon petit livret de caisse et faire un détour pour rencontrer un être humain au guichet de la coopérative dont je suis membre…

Vu de l'extérieur, depuis les travaux d'agrandissement de cette année, le centre de services St-René (également le siège social) ferait l'envie de la quasi totalité des banques dans la région de l'Outaouais et de la capitale canadienne. On se croirait devant un haut-lieu de la finance…

Je ne sais pas combien de millions de $ cela a coûté mais c'est réussi. L'étranger sera impressionné. Le hall principal accentue l'air de grandeur et donne, à droite, sur la vaste salle où huit ou neuf guichets humains attendent les membres, qui peuvent s'asseoir dans des fauteuils confortables et accéder au wi-fi gratuit de la caisse.

À l'entrée de la salle des guichets avec caissier ou caissière, le membre (nous ne sommes PAS des clients) s'arrête devant une petite machine et prend un numéro. Chacun de ces numéros est précédé d'un code (de A à E) selon le type de transaction désiré. Pour les transactions courantes, les plus fréquentes et de loin, c'est le code A.

On prend un billet avec code B quand il s'agit d'une transaction qui ne peut être effectuée qu'en personne, au guichet (par exemple demander des dollars américains ou des euros). La lettre de code D est réservée aux entrepreneurs. Je ne me souviens pas, pour les autres.

Donc à 14 h 26, je reçois le billet A351 et prends place sur mon fauteuil confortable avec mon livret de caisse, mon chèque à déposer et mon iPod avec lequel j'ouvre immédiatement mes comptes Facebook et Twitter. Je jette un coup d'oeil au grand écran au-dessus de moi: on sert présentement le détenteur du billet A 331… 
Je me suis donné une fenêtre de 30 à 40 minutes à la caisse car je dois passer au magasin Archambault des Promenades Gatineau et à mon IGA du coin avant d'aller, exceptionnellement, chercher mon petit-fils vers 16 h à sa garderie dans le secteur Hull.

Après une quinzaine de minutes, je commence à m'interroger. Seulement quatre caissiers sont en devoir et dès qu'un détenteur de code B ou D entre dans la salle, on l'appelle aussitôt à un guichet pendant que la horde de A attend - trop patiemment à mon goût. Après 20 ou 25 minutes, il m'apparaît évident que je ne serai pas servi à temps, l'A337 venant d'être convoqué (et le 333 avait quitté avant d'être appelé, sans doute découragé).

Je me rends donc à la réception dans le hall principal pour demander de parler à un membre de la direction, qui s'amène quelques minutes plus tard. Au moment où elle arrive pour s'informer de ma plainte, deux autres A ont été appelés. On sert A339… Et les derniers arrivés ont des numéros supérieurs à A360...

Elle m'explique le système de codes et confirme que les détenteurs de billets B et D ont le privilège d'être servis en priorité, avant moi et tous les autres A… Les membres ne sont donc pas tous égaux dans ma coopérative. Si je suis obligé d'aller au guichet en personne, j'aurai la priorité sur celui ou celle qui choisit de se présenter devant un caissier ou une caissière, mais qui aurait pu s'en tenir à un guichet automatique. Si je suis commerçant ou entrepreneur, je passe aussi devant le vulgaire membre (qui a sans doute moins de sous à la caisse)…

J'ai tenté de faire valoir des arguments qui relèvent de la philosophie de l'égalité et des valeurs du coopératisme, mais je savais fort bien que les coups ne portaient pas. Peut-être parce que je suis vieux et membre d'une caisse populaire Desjardins depuis 60 ans, elle a offert de déposer mon chèque, ce que j'ai refusé en faisant valoir que ce serait injuste pour les détenteurs des billets numérotés entre A340 et A350… qui attendaient depuis plus longtemps que moi.

J'ai la conviction que la personne de la direction que j'ai rencontrée, et qui m'a rappelé le lendemain pour faire un suivi, cherchait vraiment à me rendre service, mais elle n'était pas en mesure de modifier les principes de gestion qui font d'un entrepreneur un membre d'une classe supérieure à celle des messieurs ou mesdames tout-le-monde qui ont bâti Desjardins depuis plus de 100 ans… ou qui font qu'acheter des euros ou des dollars US vaut une attente moins longue que déposer un chèque.

J'ai su le lendemain que plusieurs détenteurs de codes B étaient en réalité des «A» qui avaient compris le système et qui, au lieu de se plaindre, comme moi, avaient décidé de tricher pour couper dans la file (avec succès). Il semble qu'à compter de maintenant, ils se feront démasquer… Mais en réalité, ce ne sont pas eux les plus coupables…

Cette semaine, à MA caisse, je n'ai pas vu un très fort esprit de coopératisme. Je me suis senti bien plus «client» que membre… et impuissant à changer quoi que ce soit…

Heureusement que je n'avais pas le billet A38… (bit.ly/2972kzS)

Et mon chèque n'est toujours pas déposé...





1 commentaire:

  1. Vous avez critiqué ¨La Caisse¨ vous allez recevoir un courriel de la page de caisse pour vous rappeler qu’elle nous a l’oeil

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